Selon saint Luc

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Vitrail de Nonancourt

dimanche 9 février 2014

Luc 22, 55-71 – Le reniement de Pierre


55 Ayant allumé du feu au milieu de la cour, ils s'assirent autour, et Pierre s'assit parmi eux.
56 Une servante, qui le vit assis près de la flamme, le dévisagea et dit :" Celui-là aussi était avec lui. "
57 Mais il nia, en disant : " Femme, je ne le connais point. "
58 Un peu après, un autre, l'ayant vu, dit : " Toi aussi, tu en es. " Mais Pierre dit : " Homme, je n'en suis point. "
59 Et une heure environ s'étant écoulée, un autre affirma avec force : " Pour sûr, celui-là aussi était avec lui ; aussi bien, il est Galiléen. "
60 Pierre dit : " Homme, je ne sais ce que tu dis. " Et à l'instant, comme il parlait encore, un coq chanta.
61 Et le Seigneur, s'étant retourné, arrêta son regard sur Pierre, et Pierre se souvint de la parole du Seigneur, comme il lui avait dit : " Avant que le coq ait chanté aujourd'hui, tu me renieras trois fois. "
62 Et étant sorti, il pleura amèrement.
63 Et ceux qui le tenaient se moquaient de lui et le frappaient.
64 Et lui ayant voilé (le visage), ils l'interrogeaient, disant : " Prophétise ! Quel est celui qui t'a frappé? "
65 Et ils proféraient contre lui beaucoup d'autres injures.
66 Quand il fit jour, se réunit le conseil des anciens du peuple, grands prêtres et scribes ; et ils l'amenèrent à leur tribunal.
67 Ils dirent : " Si tu es le Christ, dis-le-nous. " Il leur dit : " Si je vous le dis, vous ne le croirez pas ;
68 et si je vous interroge, vous ne répondrez pas.
69 Mais dès maintenant le Fils de l'homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. "
70 Ils dirent tous : " Tu es donc le Fils de Dieu? " Il leur répondit : " Vous le dites : je le suis. (ego eimi)"
71 Et ils dirent : " Qu'avons-nous encore besoin de témoignage? Car nous l'avons nous-mêmes entendu de sa bouche. "

3 commentaires:

  1. En grec, la triple négation de Pierre se dit : (ouk oida - je ne le connais pas / ouk eimi – je ne le suis pas / ouk oida - je ne le connais pas). Chez Jean (ch. 19), elle se dit trois fois de la même manière (ouk eimi) et entre comme en réponse avec trois « ego eimi » de Jésus que l’on retrouve au verset 70. Cette opposition prend alors une symbolique plus forte, dans la mesure où elle fait naître une tension entre le « Me voici » du Christ et le refus de Pierre.
    Notons en effet qu’« ego eimi » est peu utilisé à l’époque par les juifs parce que c’est une affirmation divine que l’on retrouve dans certaines théophanies de l’Ancien Testament (traduction de la Septante). L’insistance du Moi-Je de « moi je suis » peu courante donc est l’affirmation de cette communion du Fils au Père, elle ne fait que ressortir ces ruptures d’alliance à laquelle nous participons, à chaque fois qu’à la suite du Père, nous nous taisons ou nous disons « je ne le connais pas / je ne suis pas ».

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  2. « Lui ayant voilé le visage » Luc 22, 64
    Cela ne pourrait être qu’un autre détail : on voile le visage pour ne pas voir sa souffrance, si l’expression n’était pas, là encore très chargée dans l’histoire d’Israël. Il faut remonter à la théophanie d’Exode 34, où Moïse après avoir vu Dieu est tellement rayonnant de lumière qu’on doit lui voiler le visage, les juifs ne pouvant en supporter l’éclat. On a donc, là aussi, une indication qui pourrait passer inaperçu si l’on ne faisait pas le lien avec le « Moi-je suis » du verset 70.
    L’évidence est pourtant là : dans ce Fils outragé, dont le regard est insoutenable pour ses bourreaux, Luc nous fait découvrir l’amour du Père.

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  3. Pour Aller plus loin :
    - Sur Jean 19, C. Heriard, A genoux devant l'homme
    - Sur les théophanies, "L'amphore et le fleuve"

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