Selon saint Luc

Selon saint Luc
Vitrail de Nonancourt

mardi 4 février 2014

Luc 22, 14-20 – Le dernier repas


14 Quand l'heure fut venue, il se mit à table et les apôtres avec lui ;
15 et il leur dit : " J'ai ardemment désiré manger cette pâque avec vous avant de souffrir.
16 Car, je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. "
17 Et, prenant une coupe, il rendit grâces et dit : " Prenez-la et partagez entre vous.
18 Car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du produit de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu. "
19 Et il prit du pain, et, après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant : " Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi. "
20 Et pareillement (pour) la coupe, après qu'ils eurent soupé, en disant :" Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, répandu pour vous.


7 commentaires:

  1. « Quand l’heure fut venue » : Il y a dans cette expression la même dimension d’accomplissement, de temps préparé et longuement attendu. Elle fait résonner une expression que l’on trouve surtout chez Jean : « Mon heure n’est pas encore venue ».

    RépondreSupprimer
  2. Une lecture « en situation » nous fait participer à cette Pâques (comme les apôtres qui s’attablent à ses côtés) et résonner toutes les eucharisties auxquelles nous avons pu participer. Dans l’histoire des traditions juives, on peut voir aussi cette symbolique forte où le maître de maison fait passer un morceau de pain et attendant que tous soit servis pour commencer, de sorte que la première bouchée soit commune. Alors résonne en nous l’invitation qui nous est faite. Une invitation à la danse : « j’ai joué sur les places » (Lc 7, 32), que l’on pourrait compléter ainsi : « voulez vous danser avec moi la danse d’un amour jusqu’au bout… ».

    RépondreSupprimer
  3. Une troisième lecture est celle qui englobe toute la passion, donnant au repas une dimension plus symbolique, qu’appuient les mots mêmes du texte :
    - « Ceci est mon corps, donné pour vous ». Faites ceci en mémoire de moi. »
    - « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, répandu pour vous ».
    On voit alors se dessiner que cette table dressée est prête est celle du don de Dieu pour l’homme. Alors les préparatifs évoqués plus haut, la salle qui est prête, Jésus qui parle de l’heure, tout s’accorde pour renforcer l’impression que se joue ici ce fameux « plan de Dieu » pour l’homme. Et l’on entend la phrase résonnée avec plus d’acuité : « J’ai hâte qu’elle soit consommée ».

    RépondreSupprimer
  4. « Hâte-toi de descendre, je veux habiter chez toi », disait Jésus à Zachée en Luc 19,5. Peut-on entendre ce que Jésus nous dit à chaque fois que nous nous apprêtons à communier avec lui ? Un j’ai hâte de demeurer chez toi. Le plan de Dieu devient alors la visée de Dieu pour nous, cet agenouillement au pied de l’homme, ce « j’ai soif de toi ».

    RépondreSupprimer
  5. Une analyse symphonique des cinq récits de la cène apporterait une dimension plus vaste à cette contemplation. Notons seulement qu’outre les trois récits synoptiques (Marc, Matthieu et Luc), on peut évoquer celui de Jean 6 (dans une lecture symbolique de la multiplication des pains), le récit qu’en fait Paul dans une des premières lettres et qui traduit les premières liturgies eucharistiques (le texte est plus ancien que les évangiles) mais aussi ce récit très différent du lavement des pieds chez Jean (chapitre 13) qui ajoute une dimension à l’acte de communion et de service mutuel.

    RépondreSupprimer
  6. « La fête juive de la Pâque qui était présidée par le père de famille comprenait quatre parties. Elle commençait par deux bénédictions : celle du « jour de la fête » (Quiddoush) qui était récitée au début de chaque sabbat et de chaque jour de fête. Brève, elle consistait à bénir Dieu pour la fête que l'on allait célébrer. Elle était suivie de la bénédiction d'une première coupe de vin. Le père de famille buvait à la coupe et la faisait passer à tous les participants. On servait ensuite le repas, on présentait la deuxième coupe de vin, mais on n'y touchait pas encore.
    Le père de famille prononçait alors une récitation liturgique (la Haggadah pascale) qui évoquait la libération d'Égypte et qui était immédiatement suivie par le chant du psaume 113 suivant la tradition du rabbi Shammaï ou des psaumes 113-114 suivant celle de Hillel. On buvait la deuxième coupe de vin.
    Venait ensuite le repas proprement dit : le père prononçait une action de grâce sur le pain azyme, puis l'agneau pascal était consommé, avec le pain béni et des herbes amères (Ex 12,8). Le père de famille bénissait une troisième coupe de vin.
    Le repas se clôturait par le chant des psaumes 114-118, suivant la tradition de Shammaï ou des psaumes 115-118 selon celle de Hillel. Il était peut-être suivi par les louanges sur une quatrième coupe de vin. » (1)

    (1) Cf. J. JEREMIAS, La dernière cène, pp. 94 ; 58, note 242 et pp. 25-26, cité par Philippe Bacq, et Odile Ribadeau-Dumas, op. cit. p. 278.

    RépondreSupprimer
  7. Pour aller plus loin :
    - C. Hériard, À genoux devant l’homme , 2013 et « J’ai soif » in L’Amphore et le fleuve, 2007

    RépondreSupprimer